Le terme “bonheur” est suremployé aujourd’hui, devenu une nécessité, un objectif à atteindre quel qu’en soit le prix. Il s’en suit une véritable compétition sur tous les plans de notre vie, qu’il s’agisse de notre situation professionnelle qui ne prend du sens que si elle suscite une certaine forme de bonheur, de notre vie personnelle qui ne peut être affichée que positivement, de notre situation financière qui doit être la preuve de notre réussite d’autant plus méritante si elle a bien répondu aux règles de générosité sociale et accomplie avec un réel “bonheur”. Et pire encore, si votre quête ne se résume pas à trouver la voie rapide et détaillée par étapes claires et définies pour que ce bonheur vous illumine sous peu, vous ne suivez vraiment pas le bon chemin de la vie.
Et les petits bonheurs ?
A mon sens, cette compétition, flagrante sur tous les réseaux sociaux confondus, procure exactement l’effet inverse de celui escompté, soit notre malheur… Cet état de complète satisfaction continue promis une fois chaque étape franchie avec succès grâce un dévouement absolutiste n’existe malheureusement pas. Les petits bonheurs, eux, existent à tout moment de notre vie grâce à chacun de nos sens, à notre volonte ainsi qu’à notre désir de les regarder, de les sentir, de les goûter, de les apprécier. Ils peuvent être très intenses, nous marquer à vie et même nous permettre d’avancer, d’avoir un autre regard sur la vie et notre parcours, sur autrui. Ils sont enrichissants, exceptionnels et cruciaux. Ils forment notre essence à chaque moment de notre vie.
L’individuation
En revanche, nous devons également accepter dans le but de grandir, de se sentir entier, d’atteindre ce que Jung appelait l’’individuation’, nos parts d’ombre, nos échecs, nos erreurs, nos tristesses, ces moments de pur malheur qui nous forgent et nous permettent une véritable introspection. Cette dernière ne peut pas être binaire, c’est-à-dire entièrement positive ou entièrement négative. Elle est VOUS dans toute votre unicité afin d’aller au plus profond de vous-même, de mieux vous comprendre, de connaître et accepter les origines des schémas répétitifs de votre vie quie ne vous conviennent pas ou plus. Ainsi vous tracez plus assurément votre avenir et savourez pleinement vos moments de bonheur, de plénitude, de joie en accord avec vos choix et vos aspirations.
Il s’agit d’un vrai processus avec ses hauts et ses bas qui en fait justement tout son intérêt et son efficacité sur le long terme. Il n’existe pas de solutions miracle rapides, à l’exception de méthodes probantes qui effectivement ciblent des problématiques précises ou des phobies comme la thérapie comportementale. Ce ne sera pas non plus un long chemin tranquille, ce serait vous mentir ; vous traverserez des périodes de doute, de douleurs révélées intenses, d’une véritable inquiétude sur le temps tout à coup perçu comme perdu maintenant que vous avez pleine conscience des raisons de ces échecs, peines ou malaises. C’est grâce à ce chemin, chaotique quelquefois, que vous vous retrouverez pleinement et atteindrez ce bonheur d’être vous-même, avec votre propre définition de ce terme.
Une question de perspective
Le bonheur n’est ainsi pas un objectif à atteindre, mais un état non permanent dont vous en apprécierez toutes les couleurs et les formes après avoir compris et ingéré votre passé, vos douleurs, vos échecs qui n’en sont en fait pas et surtout après votre propre acceptation de vous-même, tout simplement, incluant vos parts d’ombre. Cela n’enlève absolument rien à toutes les diverses méthodes que nous lisons ou entendons qui sont de merveilleux compléments à votre analyse à partir du moment où ces lectures et démarches n’engendrent pas en vous un stress ou une obligation non nécessaire.